Amenez-la moi... Maintenant !

Vêtu de son kimono léger qu'il arborait toujours en intérieur, Kyoshiro était assis par terre, adossé à la paroi... Son regard se perdait dans la contemplation du plafond depuis une bonne demi-heure maintenant.

La vingtaine de serviteurs agenouillés devant lui étaient de plus en plus mal à l'aise. Mais pétrifiés par la peur qu'il leur inspirait, ils n'osaient faire un geste.

"Quinze années...", murmura t-il soudain.

Les serviteurs s'agitèrent.

"Qu... Quoi... ? Maître, avez-vous dit quelque chose ?
- Quinze années..., chuchota t-il à nouveau, ... que je fais semblant de ne pas voir les manigances de ces misérables...
- Pardon, maître... Je... Je ne comprends pas...".

Kyoshiro tourna la tête en direction de celui qui avait pris la parole.

"Ce que je dis, pauvre minable...".

Il se releva d'un bond.

"C'est que cela a assez duré !", rugit-il.

Kyoshiro attrapa un serviteur au hasard et le releva de force :

"Amenez moi Mira Kizame !, hurla t-il. Maintenant !".

Et tandis que le serviteur détalait en courant, Kyoshiro murmura d'une voix glaciale :

"Et vous... vous tous... Sortez d'ici.".

Mira arriva quelques instants plus tard. Elle était légèrement essoufflée par la course qu'elle avait fait pour arriver le plus vite possible dans la salle de réunion de la famille. Le regard terrifié du serviteur qui était venu la chercher lui avait laissé comprendre qu'elle devait arriver le plus vite possible.
En voyant une vingtaine de serviteurs sortir de la salle avaec un air soulagé, son coeur commença à s'accélérer. Qu'avait elle fait pour que le chef de famille l'envoie chercher de la sorte?
Elle entra dans la salle, le regard sur le sol, trop terrifiée pour oser regarder Kyo en face. Elle se plaça en face de lui, et se courba légèrement.

"Vous...vous m'avez demandé, monsieur?"

Sa voix tremblait légèrement. Elle se redressa et recula de quelques pas, trop terrorisée pour rester aussi prés de lui.

Kyoshiro accueillit Mira les bras grands ouverts.

"Entre, Mira, entre !, dit-il en souriant. J'espère que mon serviteur ne t'as pas fait trop peur ? Ce qu'il peut être maladroit parfois !".

Il lui fit signe.

"Allons, viens t'asseoir près de moi... Et dis moi, comment se passe l'école ?".

Mira s'approcha d'un pas hésitant de la chaise que lui indiquait Kyochiro. Le fait qu'il ai l'air si gentil la terrifiait encore plus. Il n'était pas comme ça habituellement.
Elletourna son visage légèrement pale vers lui, en fixant toujours le sol.

"L'école? L'école se passe bien, pour l'instant."

Elle ne voyait pas vraiment où il voulait en venir, ni ce qu'il voulait vraiment savoir et pourquoi. Enfin, elle décolla son regard du sol pour le poser sur le visage de son chef de famille.

"C'est pour cela que vous m'avez fait venir?"

Elle essayait de contrôler sa voix, qui tremblait toujours légèrement.

"Il me faut une raison pour te voir ?, demanda Kyoshiro, l'air navré. Ne puis-je avoir tout simplement envie de voir l'un des miens, comme ça, pour rien, juste pour le plaisir de sa conversation ?".

Il s'asseya par terre, contre la paroi.

"Laisse donc cette chaise, et viens t'asseoir près de moi.".

Il soupira doucement, son regard se perdant dans le plafond.

"Alors comme ça, l'école se passe bien. C'est une bonne chose... Je suis sincèrement heureux pour toi. T'es tu fait des amis dans ce lycée ?".

Mira se leva et s'assis prés de lui, à sa gauche. IL y avait plus de chance qu'il soit droitié, donc la main gauche serait plus lente que la droite. Si jamais il essayait de la tuer, il serait moins rapide. Ce n'était pas très rassurant, mais Mira cherchait absolument quelque chose de positif.
Quand il posa sa dernière question, Mira ne voyait toujours pas où il voulait en venir.

"Des amis? Oui, j'ai rencontré quelques élèves plutôt sympatiques, surtout une en particulier..."

A ce moment là, elle se stoppa net de parler. Une horrible hypothèse venait de lui traverser l'esprit. Et si il avait découvert qu'elle avait rencontré Isuzu, la soeur d'une des plus puissantes Asuname?

*Si il le sait, je suis morte.*

"Mais tout le monde est très gentil, même les profs. Et vous ça va?"

Elle ne voyait pas vraiment quoi faire, à part changer de sujet pour éviter de faire une gaffe. De toute façon, si il était au courant, elle n'avait plus beaucoup de chances de s'en tirer.

"Oh, c'est gentil de t'en inquiéter..., répondit Kyoshiro d'un ton aimable. Ma maladie me fait beaucoup souffrir en ce moment. Le simple fait de marcher est une torture.".

Une peine intense traversa un instant son visage.

"Mais le plus terrible, je crois... C'est de savoir qu'il me reste tant à faire... Et si peu de temps.".

Il lança à Mira un sourire franc et chaleureux.

"Et mes autres maudits... Tu les as rencontré récemment ? Ils se portent bien ?".

Mira fit un léger soupir de soulagement, apparemment il ne se doutait de rien, elle n'avait pas à s'inquiéter pour ça.
Elle essayait de comprendre ce qu'il entendait par "tant à faire", peut être qu'il parlait de leur problème avec les Asuname. IL vallait mieux qu'elle arrête de stresser pour rien.

"Non, je n'ai vu personne récemment. IL n'y en a pas beaucoup qui ont fini le déménagement, ils n'ont pas encore emménagé. En plus, je ne suis pas très proche d'eux."

Elle ne les connaissait pas vraiment, puisqu'elle avait toujours vécu loin de la maison familiale jusqu'à maintenant. D'une certaine façon, elle en était très heureuse.

"Ah, c'est dommage...".

Il se leva et s'éloigna en lui tournant le dos.

"Tiens, au fait, rappelle-moi... Comment s'appelle le plus jeune des maudits de notre famille ?".

Mira ne voyait pas vraiment ce qu'il y avait de dommage dans le fait qu'elle ne connaisse pas sa famille, mais elle savait qu'il ne vallait mieux pas le lui demander.

"Euh... le plus jeune... je n'en sais rien, je ne sais meme pas qui c'est."

La personne la plus jeune qu'elle connaissait dans sa famille, c'était elle. Les autres avaient à peu prés le même age qu'elle ou étaient plus vieux, du moins ceux qu'elle connaissait, c'était à dire presque aucun.

"Tu ne sais pas... ?".

Il se retourna. Il ne souriait plus.

"Combien de maudits filles y a-t-il dans notre famille ?".

Mira essaya de se replonger dans ses souvenirs d'enfance, mais ça ne servait à rien, elle ne se rappellait de rien. Elle connaissait quelques filles qui avaient à peu prés son âge, mais elles n'étaient pas maudites. Les autres maudites, elle les avait surement croisées pendant les fêtes, mais ne leur avait jamais adressé la parole.

"Euh... il doit y en avoir quelques unes."

En comptant le chef de famille et elle, elle ne connaissait que quatres maudits en tout dans sa famille. Mira ne comprenait vraiment pas pourquoi il lui demandait ça.

*Peut être qu'il devient amnésique?*

Elle le regarda, en attendant sa réaction. Il n'allait quand même pas s'ennerver parce qu'elle ne connaissait pas les maudites!!

Il se rapprocha de la fenêtre et la ferma lentement.

"Donc, si je comprends bien..., murmura t-il d'une voix douce, ... tu ne te soucies pas de ta propre famille. Tu n'en as rien à faire des difficultés qu'elle traverse, tu la fuies même...".

Il se rapprocha de Mira et lui lança un regard glacial.

"Et tu préfères passer tout ton temps avec des Asuname !".

Mira écarquilla les yeux de terreur. Comment savait il qu'elle connaissait des Asuname? Elle sentit un frisson de terreur la parcourir. Il se rapprochait lentement d'elle, et elle avait de plus en plus peur.
Sa respiration s'eccélérait dangereusement, si elle continuait comme ça, elle allait avoir une crise d'ashme. En plus, elle n'avait pas sa ventoline sur elle.

"Je...je suis désolée. Je ne savais pas... qui elle était. Elle ne me l'a pas dit tout de suite."

Mira savait que sa rencontre avec Isuzu aurait pu lui faire des ennuis, mais pas à se point. elle ne voyait pas par quel moyen elle pouvait s'en tirer.
Elle se redressa tout en restant collée au mur.

"Cette Asuname que j'ai rencontré... elle m'a donné des informations sur sa famille. Surtout sur sa soeur, Sakura. Plus on a des informations sur eux, plus on pourra leur faire du mal, non?"

Elle ne savait vraiment pas quoi faire.

Kyoshiro éclata de rire.

"Quelle amie tu fais !".

Il se rapprocha d'elle et lui caressa le visage.

"Je n'ai même pas eu à te le demander, et tu me l'a donné tout de suite, comme ça... Je savais seulement que tu étais dans la même classe que bon nombre d'Asuname, rien de plus. C'est donc Isuzu que tu as rencontré... Que penserait-elle, hein ? Si elle te voyait maintenant, la trahissant instantanément au moindre coup dur !".

Son visage se rapprocha.

"Tu as toujours été faible, Mira... Et égocentrique. C'était pratique de s'éloigner des maudits, de s'éloigner de moi... Etait-ce plaisant de mener la belle vie tandis que nous travaillions pour le clan ? Sais-tu seulement ce que nous avons traversé ? Les problèmes que nous avons affrontés ? Tu nous as abandonné... Alors, pendant tout ce temps...".

Il s'éloigna et sa main quitta son visage.

"T'es tu bien amusé, Mira ?".

Il avait craché son nom comme une insulte.

Mira le fixa, horrifiée. Il n'était au courant de rien (celle-là, je m'y attendais XD), et elle lui avait tout raconté, qu'est ce qu'elle était bête!!! En plus, il avait l'air encore plus ennervé qu'auparavant. UN fois de plus, elle avait parlé sans réflêchir.
Elle était tellement ennervée contre elle qu'elle ne se rendait plus compte de la peur qu'elle ressentait pour Kyoshiro. Ellesentait juste la haine monter en elle.

"Je ne trahie pas Isuzu. Je n'ai pas honte de dire que je la connais, et c'est une fille très sympa d'ailleurs. Tous ce que l'on me dit sur les Asuname, grâce à elle je sais que c'est faux! Tu nous as toujours menti, seul leur chef est horrible. En fait, leur chef est exactement comme toi!"

Elle savait qu'elle regretterait bientôt ses paroles, mais la colère couvrait la voix qui criait dans sa tête et lui disait de se taire.

"J'ai peut être abandonné ma famille, mais j'ai encore de l'espoir au fond de moi, pas comme les autres maudits. Tu les détruits, tu les rabaisses à tel point qu'ils pensent que la vie n'a plus aucun interêt.
Je vous ai abandonné, j'ai été égoïste, mais j'ai aussi été très heureuse. Si tu avait seulement voulu mon bonheur, alors tu ne m'en voudrais pas pour cela."

Elle se tut enfin, car sa voix tremblait trop pour la laisser continuer à hurler.

Un étrange sourire vint naître sur le visage de Kyoshiro.

"Tout ce que l'on t'as dit sur les Asuname... ? Tes parents ont pris grand soin de t'éloigner de moi, comment pourrais-tu prétendre que les mensonges que tu as pu entendre était de ma faute ? Les Asuname sont tels que je le décris : lâches, égocentriques, aliénés à un démon dont la noirceur d'âme n'a rien à voir avec la mienne... La seule faute des Asuname est de le protéger et de le servir, mais c'est une faute impardonnable. Tu ne sais rien des Asuname en réalité... Comment le pourrais-tu ? Tu ne sais rien non plus des Kizame, tu t'es toujours tenu loin de ta famille... Le devoir des Kizame a toujours été le même : Protéger les Asuname. Et aujourd'hui, il est temps de les protéger d'eux-mêmes. Nous allons leur rendre leur grandeur passé, même si pour cela beaucoup devront être sacrifiés.".

Il marqua un temps de silence, puis continua, sur le même ton calme :

"Tu as été égoïste, oui, c'est la seule chose censée que tu aies dites. Si j'avais seulement voulu ton bonheur ? Bon sang, Mira ! Nous sommes des Kizame ! Nous n'avons pas le droit au bonheur ! Nous avons un devoir sacré !".

Son ton se fit plus froid :

"Et ne me parles pas des maudits Kizame, tu n'en as pas le droit. Tu ne les connais pas. Je ne les rabaisse pas, je les forme. Je les prépare... Tout comme je t'ai préparé !".

Il se rapprocha d'elle une nouvelle fois et plongea son regard dans le sien.

"Ne te méprends pas, Mira. Normalement, je devrais te châtier pour la manière dont tu m'as parlé... Mais je ne t'en veux pas. Car tu es telle que je le voulais. Tu réagis précisément comme je le souhaitais.".

A nouveau, un sourire vint fleurir sur son visage.

"Tes parents sont des idiots... As-tu réellement pensé un seul instant que tu aurais pu être tenue éloignée de moi si j'en avais voulu autrement ? Crois-tu sincèrement qu'ils auraient pu t'écarter des maudits si je ne l'avais pas voulu ainsi ? Tes parents sont des idiots, Mira... Et toi, tu es mon arme.".

Il la regarda pendant un instant, puis répéta :

"Tu es telle que je le voulais.".

Il s'écarta et lui tourna le dos.

"Mais j'ai d'autres jouets. Parle-moi encore une fois sur ce ton et je te tue.".

Mira le fixa sans rien dire, elle essayait de se calmer. Les paroles du chef étaient peut être sensées, mais Mira ne voulait pas l'écouter. Elle ne voulait pas qu'il parvienne à lui faire croire ce qu'il voulait. Elle était peut être faible, lache et naïve, mais pas bête au point de se laisser persuader des mensonges qu'il lui racontait. Elle ne voulait pas le croire.

"C'est faux."

Elle parvint seulement à murmurer cela, car maintenant qu'elle était calmée, elle était de nouveau terrorisée.

"Je n'ai aucun devoir envers personne. Je suis libre, je ne suis ni l'esclave des Asuname, ni ton arme ou ton jouet."

C'était la seule chose dont elle était sure. Elle n'existait pour personne à part elle, et elle en avait le droit. Il ne parviendrait pas à lui enlever cette ultime vérité. Il essayait seulement de la manipuler.

"Si je suis telle que tu le voulais, alors tu sais très bien que je ne te croirais jamais."

Mais malgré tout, elle s'interrogé. Elle ne comprennait pas ce qu'il voulait dire par "tu es mon arme". Son arme contre qui? Le chef des Asuname? IL parlait toujours comme ça, et elle n'y comprenait jamais rien.

"Votre arme...contre quoi? Et...comment? Qu'est ce que ça veut dire?"

Kyoshiro regarda Mira un instant sans rien dire.

"Tu n'as pas besoin de comprendre pour l'instant. Tu vas te contenter de faire ce que je t'ordonne.".

Il plongea son regard dans le sien, et déclara :

"Tu vas continuer à nouer des liens avec Isuzu. Avec Sakura. Et avec tous les autres maudits Asuname. Je veux que tu les rencontre tous, que tu acquières leur confiance et qu'ils te laissent entrer chez eux. Je veux qu'ils te considèrent comme l'une des leurs... Je veux qu'ils te confient tout leurs secrets... Et tu me raconteras ce que tu apprendras. Tout ce que tu apprendras.".

Il se retourna et s'éloigna, puis, semblant se rappeler de quelque chose, il lui fit face une nouvelle fois :

"Oh, et comprends bien une chose. Si tu as pu vivre comme tu l'as fait jusqu'à aujourd'hui, c'est parce que je savais que tu me servirais ainsi. Mais si tu te rebelles, si tu me ments, si tu tentes quoi que ce soit... Je ne perdrais pas mon temps. Tu ne me seras plus utile. Et tu sais bien ce que je fais des objets cassés, Mira, n'est-ce pas ?".

Il lui tourna une nouvelle fois le dos, et sortit.

Mira le regarda partir,légèrement rassurée de ne plus être dans la même piece que lui. Mais la crainte persistait dans son regard, la crainte de se que son chef de famille préparait.
Elle savait qu'elle n'avait pas d'autre choix que d'obéir à ses ordres, ou de s'enfuir pour toujours. Et encore, il pourrait la retrouver.
Mais si elle l'écoutait, elle savait que beaucoup d'Asuname allaient souffrir.
Kyoshiro les haïssait tellement qu'il était prés à tout pour détruire leur famille. Il ordonnait même à MIra de ne plus suivre les regles de leur famille, ce qui prouvait à quel point se qu'il préparait été terrible.
Mira se leva, et quitta la pièce dés qu'elle fut sure qu'il était déjà loin.

*Il est complètement fou.*